dossier de presse

Saintes, Abbaye aux dames, samedi 18 juillet

un récital nocturne de cymbalum par Françoise Rivalland

JPEG - 5.6 ko

.

article de Benoit Donnet pour ClassiqueInfo.com

.


Si le cymbalum provoque la curiosité, c’est parce qu’il est un instrument « exotique » par excellence, que Stravinsky a, l’un des premiers, mis en valeur dans ses Noces, et qu’il a été par la suite fréquemment employé dans la musique contemporaine. C’est que sa sonorité, mélange de piano, de clavecin et de synthétiseur, est extrêmement originale et tout à fait envoûtante ; propice à la méditation et aux harmonies atonales, elle a recueilli ce soir les faveurs d’un public peu nombreux mais visiblement fasciné.

La première œuvre que Françoise Rivilland, à la maîtrise technique irréprochable, présente est celle de François Courtot, les Quatre pièces, dont la dernière d’entre elles était inédite. Initialement écrite pour le théâtre, l’œuvre est à la fois musique d’ambiance, au charme captivant, et conception cohérente et aboutie. Atonale et mystérieuse, l’œuvre possède un attrait certain et exploite avec inspiration la sonorité caractéristique du cymbalum.

Le public saintais a pu ensuite prendre contact avec l’œuvre du compositeur hongrois Gyorgi Kurtag, à travers deux pièces : d’abord le Poème sur Bereni Ferenc, un chef d’œuvre fulgurant, très bref mais marquant, par son côté étrange et ineffable, ses harmonies à la fois charmeuses et effrayantes. Ce dernier adjectif convient mieux encore à Szalkak, une œuvre quadripartite plus agressive, plus bruyante, mais non moins inspirée et efficace, qui rappelle Webern dans ses harmonies et obtient un grand succès.

Le « plat de résistance » du concert était constitué par Evocation, du Japonais Yu-Mu Yoshida. Très composite, l’œuvre inclut des rappels du Sacre du Printemps, des motifs orientalisants, un ostinato implacable, et plus curieusement, une séquence de musique concrète, où l’instrumentiste doit frapper, sans les mailloches, son instrument, produisant des sons sans guère d’intérêt, et s’incorporant mal à l’œuvre. Si l’on excepte cette section décevante, reste tout de même que la pièce de Yoshida est un chef d’œuvre très évocateur et suggestif, qui ouvre vraiment un monde sonore nouveau.

Enfin, on a pu assister ce soir à la création mondiale de Ligne de fissure de Georges Aperghis. C’était une expérience troublante et éprouvante, car la pièce se veut évocatrice d’une faille et de la chute vertigineuse, de la menace du temps et de la fissure ; musique méditative, philosophique, qui happe le spectateur dans un flot d’harmonies inquiétantes mais irrésistiblement attirantes.

Le public applaudit chaleureusement la prestation de Françoise Rivalland qui fut impeccable, et est très satisfait d’un programme aussi passionnant que celui-ci.



Copyright © 2004–2010. Tout droits réservés.

Ce site est propulsé par Wordpress et utilise Modern Clix, un theme de Rodrigo Galindez modifié et adapté par Quentin Morlot.

Copyright fond du site et photos Arièle Bonzon sauf mentions.